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2014-12-07

Infraction au code de la route au Cambodge!

Je vais commencer cette anecdote en expliquant tout d'abord que le code de la route en Asie du Sud Est en général, et au Cambodge en particulier, est une invention plus théorique que pratique.

Par exemple, les gens roulent "statistiquement" à droite. Je veux dire par là que la plupart des gens roulent à droite quand ils se croisent, mais parfois pour certains d'entre eux c'est plus pratique dans leur tête de rouler sur le bas-côté à gauche, face à la multitude d'autres qui roulent à droite, alors ils le font.
Autre exemple, les feux rouges sont plus un conseil qu'un ordre. Les conducteurs l'interprètent comme un "ralentis car il risque d'y avoir beaucoup de circulation dans la transversale que tu t'apprêtes à croiser". Mais ça ne les empêche pas de passer au milieu de cette circulation!... Dans la même veine, les virages à droite au feu rouge sont interdits mais largement pratiqués!

De là commence mon histoire un samedi matin de marché. On est à Kampot, petite station balnéaire du sud du Cambodge (enfin à moitié balnéaire car la plage est à quelques kilomètres, mais Kampot jouxte tranquillement un bras de rivière rafraîchissant). Ce matin-là, on décide de partir déjeuner (qc) / petit-déjeuner (fr) au marché car on nous a parlé de sympathiques gaufres là-bas (le pire est qu'au final on ne les a jamais trouvées ces gaufres...).

Le marché occupe un pâté de maison complet au bout de la grosse avenue à gauche. Nous y arrivons à bord de notre fabuleux bolide, un 100cm3 Honda fabriqué en Chine (et donc de qualité plus chinoise que japonaise) dont la vitesse de pointe est probablement de 60km/h, mais qu'il ne vaut mieux pas atteindre car les freins sont dramatiquement inefficaces! Nous arrivons donc, Clément au volant, Véro qui s'accroche derrière, et nous tournons à gauche dans la première rue du marché. Nous roulons une quinzaine de mètres et là un policier cambodgien, d'âge moyen, de petite corpulence au niveau des épaules et un peu plus au niveau du ventre, mais quand même avec sur sa face l'air abrupt nécessaire à sa fonction de chevronné gardien de la loi, nous fait signe de nous arrêter!

Avant de poursuivre, je dois vous faire part des nombreuses histoires qui courent entre voyageurs sur les policiers d'Asie du Sud Est qui appliquent bizarrement les contraventions sur les touristes occidentaux! Tous les prétextes sont bons: pas de permis international? Amende! Les locaux le font? Oui mais c'est quand même interdit, alors amende! T'es occidental, tu peux payer! Amende! On t'a déjà arrêté hier pour absence de permis international? Ben on te ré-arrête aujourd'hui et l'amende est plus chère qu'hier! (À ce propos, balladez-vous toujours avec votre permis international!)

Face à ce policier qui semble nous faire signe, au début, on hésite... Il y a pleins de motos qui passent, on se demande si c'est bien nous?! Mais oui il nous pointe du doigt avec un index et pointe vers ses pieds avec son autre index. On obtempère... Là, de sa petite voix rapide, il nous parle dans sa langue khmer locale dont nous ne comprenons pas un traître mot... Heureusement il parle un peu avec les mains aussi. Et il vient d'abord directement du bout de ses doigts éteindre le phare de notre mobilette. Détail insignifiant pour le reste de l'histoire mais effectivement j'avais oublié de éteindre le phare la veille au soir, et il était donc allumé en plein jour. Soulagé que ce ne soit que ça, je m'apprête à repartir mais là il continue de nous parler en khmer en faisant des signes de demi-tour. Notre face à nous, bien évidemment, ne fait que dire: "je ne comprends pas les mots qui sortent de ta bouche!!". Mais il insiste, on doit faire demi-tour.
On obtempère donc une deuxième fois et on fait demi-tour. Là, deux mètres derrière nous se trouve un autre policier, un peu plus jeune, et donc pas très corpulent des épaules ni du ventre mais avec la même face abrupte, qui nous fait signe de le rejoindre et de se ranger sur le bas-côté. Encore une fois, est-ce que c'est bien nous? Et oui, ici encore ce deuxième policier nous pointe du doigt avec un index et avec son bras libre fait des grands moulinets pour nous faire comprendre que nous devons garer (fr) / parquer (qc) notre petite mobilette là où son geste finit. On obtempère.
Là, ce deuxième policier nous fait venir à son bureau: une vieille table en bois posée sur le bord de la route sur laquelle traine des papiers de policiers, donc probablement très important. Il en tire un de papier en particulier, une feuille blanche plastifiée sur laquelle apparaît les panneaux de la route, comme quand on passe le code (fr) / l'examen théorique (qc). Du bout de son doigt, et sans nous regarder, il pointe un panneau en particulier: le panneau de sens interdit. Il articule quelques mots en khmer, que l'on ne comprend évidemment pas. Shit (qc) / Merde (fr), ça a l'air grave! Toujours sans nous regarder, il pointe d'un doigt le panneau sens interdit sur sa feuille et de l'autre il pointe le début de la rue. Là le cerveau humain est drôle quand même, une moitié a très bien compris ce qui se tramait, mais l'autre moitié du cerveau continue à faire semblant de ne pas comprendre pour que ça se voit sur notre face et joue en notre faveur dans la négociation.
Là, un petit commerçant dont l'échoppe est juste à côté s'approche pour nous porter aide et nous expliquer, dans la langue de Shakespeare, le message du policier.
"Il vous dit que c'est un sens interdit!"
On avait bien compris, on est juste surpris que celui-ci, parmi tous les autres au Cambodge, soit appliqué. On avait arrêté de regarder les panneaux, est-ce qu'on va devoir recommencer?
Mais en regardant plus attentivement, on se rend compte qu'effectivement, tous les locaux qui tournent à gauche dans notre rue, s'enfoncent seulement de 5-6 mètres au volant avant de descendre et pousser leur mobilette sur le reste de la rue. Il n'y a que les os**** de touristes (qc) / les touristes du dimanche (fr) qui ne sont pas au courant...
Maintenant que l'on ne peut plus jouer l'incompréhension, il nous faut vite trouver une deuxième parade.
"Ah on est vraiment désolé! On ne savait pas! On ne le refera plus!"
De là, le policier ne dit rien mais le petit commerçant, qui visiblement a l'habitude, nous dit:
"Vous devez payer 1$. C'est ça que tout le monde doit payer! C'est ça qu'il faut payer pour qu'il vous laisse partir!"
1$! Comme UN dollar? 1$... Ok 1$! J'avoue que j'imaginais pire! Je m'attendais à ce qu'il demande bien plus, qu'il en profite pour nous demander notre permis international (resté à l'auberge!...) et en profite pour nous extorquer 10, 20, ou même 50$!!!
"Ok 1$, pas de problème!"
On sort un billet de 1$ et on le tend au policier qui, toujours sans nous regarder et toujours avec sa face abrupte, l'attrape du bout des doigts et cesse aussitôt de s'intéresser à nous.

On demande pas de reçu! En fait on demande pas notre reste, et on rembarque sur la mobilette, dans le bon sens de circulation cette fois-ci pour faire le tour du marché dans l'autre sens.

"Un touriste qui se fait pas avoir, c'est pas un vrai touriste!" Mais en même temps, 1$ pour une expérience d'arrestation cambodgienne, au final on a même trouvé que c'était pas cher et on en rigole aujourd'hui!

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